Plainte en France sur le patrimoine du gouverneur de la Banque centrale libanaise

Lundi 3 mai 2021

Plainte en France sur le patrimoine du gouverneur de la Banque centrale libanaise

3 mai 2021 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, et quatre membres de son entourage sont visés par une plainte en France de l’ONG Sherpa et d’un collectif libanais qui les accusent d’avoir constitué frauduleusement un riche patrimoine en Europe, ont annoncé les deux associations lundi.

Le gouverneur de la banque centrale du Liban, Riad Salamé, et quatre membres de son entourage sont visés par une plainte en France de l’ONG Sherpa et d’un collectif libanais qui les accusent d’avoir constitué frauduleusement un riche patrimoine en Europe, ont annoncé les deux associations lundi.

Riad Salamé, son frère Raja, son fils Nadi, son neveu et une proche collaboratrice à la banque centrale libanaise, Marianne Hoayek, sont visés par cette plainte.

Elle a été déposée le 30 avril auprès du parquet national financier par l’association Sherpa, qui lutte contre la grande délinquance financière, et par le « Collectif des victimes des pratiques frauduleuses et criminelles au Liban », constitué par des épargnants spoliés lors de la crise qui frappe le pays depuis 2019.

Cette plainte, consultée par l’AFP, réclame des investigations internationales pour « blanchiment et recel », « escroquerie », « pratiques commerciales frauduleuses » et « absence de justification de ressources », le tout en « bande organisée ».

Les associations demandent à la justice d’enquêter sur la fuite massive de capitaux libanais depuis le début de la crise, l’acquisition de patrimoine immobilier luxueux en disproportion avec les revenus des personnes visées, mais aussi sur la responsabilité des intermédiaires financiers, via des paradis fiscaux et des prête-noms.

Selon le document, rédigé par les avocats William Bourdon et Alice Lefebvre, « le patrimoine global » de Riad Salamé « dépasserait aujourd’hui les 2 milliards de dollars ».

« Ses avoirs identifiés au Luxembourg atteignaient 94 millions de dollars en 2018 », selon la plainte, qui s’appuie notamment sur les révélations du site libanais Daraj.com et les investigations d’une plate-forme, l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP).

Des chiffres que M. Riad a contestés, affirmant avoir constitué sa fortune à partir d’héritages et de sa carrière dans la finance.

Il est notamment propriétaire d’une luxueuse villa sur le front de mer à Antibes (Alpes-Maritimes).

Riad Salamé, son frère et Mme Hoayek font déjà l’objet d’une enquête en Suisse. Selon le quotidien Le Temps, les investigations décortiquent plus de 300 millions de dollars de mouvements de fonds opérés par les deux hommes entre le Liban et la Suisse.

Le Liban connaît depuis 2019 sa pire crise économique depuis la guerre civile (1975-1990), avec notamment une dégringolade de sa monnaie nationale et des restrictions bancaires interdisant les transferts bancaires à l’étranger.

Depuis une quinzaine d’années, la justice française, poussée par des ONG, s’est saisie de plusieurs dossiers dits des « biens mal acquis » qui visent le patrimoine en France de dirigeants étrangers, notamment africains ou moyen-orientaux, potentiellement acquis avec de l’argent public détourné.

Un nouveau mécanisme, destiné à permettre la restitution aux populations spoliées des avoirs confisqués par la justice française, est en cours d’examen par le Parlement.

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