Paul Krugman : « La réalité n’a jamais été à la hauteur du rêve américain »

Mardi 14 octobre 2008

Paul Krugman : « La réalité n’a jamais été à la hauteur du rêve américain »

Paul Krugman, professeur d’économie à l’université de Princeton et éditorialiste au journal New York Times, vient de recevoir le prix Nobel de l’économie 2008. Dans cet entretien paru dans le numéro d’octobre d’Alternatives Economiques, il analyse la situation sociale américaine.

Extraits de l’article mis en ligne sur le site d’Alternatives Economiques :

Vous appelez dans votre livre à une nouvelle politique fiscale…

Sur le plan général, nous avons besoin de plus de recettes. Il faut supprimer les baisses d’impôts mises en œuvre par Bush car nous savons qu’elles sont inutiles. Nous avions une économie très prospère sous Clinton avec un taux d’imposition sur les plus hauts revenus de 39,6 %, et une économie moins prospère sous Bush malgré un taux de 35 %. Il n’y a aucun argument rationnel pour poursuivre dans la même voie. Par ailleurs, il n’y a aucune raison d’accepter les paradis fiscaux et les détournements qu’ils permettent. Enfin, il y a de la marge pour augmenter les prélèvements fiscaux sur les plus riches. Le but n’est pas de punir les gens riches, il consiste seulement à leur faire payer leur part du financement des politiques dont le reste de la population a besoin.

En dépit de cette situation sociale morose, les Etats-Unis restent la première puissance économique mondiale. Comment l’expliquez-vous ?

Les Etats-Unis restent un endroit privilégié pour ceux qui sont dans les 5 % les plus riches. Les revenus des dirigeants sont élevés. C’est une société ouverte. Nous traitons très bien nos élites. En tant qu’universitaire, j’ai toujours été frappé de l’ouverture et de la compétitivité du monde intellectuel américain par rapport à celui relativement plus fermé en Europe, même si cela s’est amélioré. Mais nous vivons aussi sur nos lauriers. Les Etats-Unis ont été de loin les premiers à s’adapter aux nouvelles technologies. Ce n’est plus vrai. Nous accusons maintenant un certain retard par rapport à d’autres pays. Une bonne partie de la force économique actuelle des Etats-Unis n’est plus que l’écho de l’avance que nous avions dans les années 90.

Lire la suite de l’article sur le site d’Alternatives Economiques.

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