Maladies

Mardi 20 juin 2017

Maladies

En Guinée équatoriale, pour d’obscurs motifs, la France a évincé l’Espagne - comme elle avait supplanté la Belgique au Rwanda. Elle a instruit les Ninjas de la Garde présidentielle, au service d’une impitoyable dictature clanique.

Quelques Français sont allés y mettre en œuvre une coopération civile de façade : ils ne s’en portent pas très bien.

Début 1993, un Français coopérant auprès du ministère du Plan est assassiné : il préparait un livre sur son expérience et parlait de « faire des révélations ».

L’hôpital de Bata connaît d’étranges épidémies. 3,7 millions de francs ont été attribués à sa réfection, confiée à une filiale de Bouygues - et 5 millions décidés pour une deuxième phase. Le peu qui a été réellement dépensé sur les lieux l’a été dans des conditions de gabegie scandaleuse.

Le chirurgien coopérant Gérard Desgranges, qui s’en plaignait, meurt en août 1993 d’une crise cardiaque. Une autopsie du corps rapatrié, demandée par la famille, évoque « une intoxication médicamenteuse aiguë ».

Son successeur, Abdoulaye Keita, se plaint à son tour de l’état d’abandon où il trouve le pavillon de chirurgie. Victime de ce que le ministère de la Coopération appelle «  une forme d’anxiété tropicale », il rentre à Paris le 17 septembre. Des analyses révèlent la présence dans son organisme d’un cocktail de produits dérivés de la digitaline - qui conduirait lentement vers un arrêt cardiaque.

Le ministère n’est-il pas, lui, victime d’une authentique affection tropicale : la maladie du sommeil ?

(Le Nouvel Observateur, 20/10/1994).

Billets d’Afrique et d’ailleurs n° 16 - novembre 1994 - Revue mensuelle de l’association Survie

Source de cet article.

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