Mafia : le Parlement italien souhaite une aide plus importante en faveur des témoins

Jeudi 28 février 2008

Europe

Mafia : le Parlement italien souhaite une aide plus importante en faveur des témoins

AP | 27.02.2008 | 21:54

Devant la diminution du nombre des personnes prêtes à apporter des preuves contre la Mafia, les parlementaires italiens ont lancé un appel mercredi afin que les témoins bénéficient d’une plus grande aide et d’une meilleure protection.

Selon un rapport parlementaire, les témoins placés sous la protection de l’Etat se sentent abandonnés et désorientés au moment de prendre une nouvelle identité pour eux-mêmes et leurs familles, de s’installer dans un nouvel endroit et de trouver un autre emploi.

Les parlementaires préviennent qu’un manque d’assistance serait susceptible de décourager les témoignages contre le crime organisé.

"Les témoins n’ont pas été considérés comme une ressource mais bien plus parfois comme un fardeau« , a observé la parlementaire Angela Napoli, l’un des auteurs du rapport, lors d’une conférence de presse. »Ces personnes sont un outil important pour une véritable lutte" contre la Mafia.

Mme Napoli a ajouté que le « manque de considération » des autorités dans le cadre de leurs programmes de protection avait abouti à une baisse du nombre des témoins au fil des ans.

Au mois de décembre 2007, 67 personnes étaient prêtes à fournir des preuves contre la Camorra -la mafia napolitaine-, Cosa Nostra en Sicile et la N’drangheta, organisation criminelle de Calabre, a expliqué la parlementaire en soulignant que la plupart d’entre elles venaient du sud de l’Italie. En 2006, on en dénombrait 71, contre 79 au premier semestre 2002, selon Angela Napoli.

Les témoins se plaignent des lenteurs de la bureaucratie, du manque d’information, et de la difficulté à trouver des emplois qui leur conviennent, quand ils sont contraints de déménager. Dans certains cas, des personnes ont expliqué qu’elles n’avaient pas bénéficié d’escortes policières.

Dans leur rapport, les parlementaires recommandent le recours à des personnes spécialement formées pour apporter une assistance psychologique ainsi qu’un quota de postes dans l’administration pour les témoins placés sous protection. Quand il s’agit d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires, le rapport propose l’octroi de réductions fiscales afin de les aider à recommencer une activité dans un nouvel endroit.

En Sicile, une rébellion contre le « pizzo » (racket) ne cesse de croître dans les rangs des entrepreneurs siciliens qui unissent leurs forces contre la Mafia, avec le relais d’Internet. Des entrepreneurs de Palerme disent non à la pratique d’extortion de fonds de Cosa Nostra sur un site web baptisé « Addiopizzo » (adieu pizzo). Mais leur nombre est encore faible comparé à l’ensemble des entreprises et commerces de la ville. Ce mouvement a cependant permis de desserrer l’étau psychologique de la Mafia sur les Siciliens, conditionnés depuis longtemps à croire que toute défiance risque d’apporter la ruine ou la mort.

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

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