Liban : quinze banquiers interrogés sur des transferts suspects à l’étranger

Lundi 2 mars 2020

Liban : quinze banquiers interrogés sur des transferts suspects à l’étranger

2 mars 2020 Par Agence France-Presse

  • Mediapart.fr

Le justice libanaise a interrogé lundi quinze responsables de banques sur le transfert suspect de 2,3 milliards de dollars à l’étranger en novembre et décembre, en plein mouvement de contestation et alors même que les virements internationaux étaient interdits.

Le justice libanaise a interrogé lundi quinze responsables de banques sur le transfert suspect de 2,3 milliards de dollars à l’étranger en novembre et décembre, en plein mouvement de contestation et alors même que les virements internationaux étaient interdits.

Depuis septembre, les banques libanaises imposent des conditions draconiennes sur les retraits, notamment en dollars —monnaie utilisée au même titre que la monnaie locale au Liban. Elles empêchent depuis début novembre tout transfert à l’étranger, depuis le Liban pays confronté à sa pire crise économique et financière depuis la guerre civile (1975-1990).

Ces derniers mois, des responsables politiques et des patrons de banques ont été accusés par des manifestants et certains politiciens d’avoir transféré à l’étranger d’importants montants alors que la crise économique s’aggravait et qu’un mouvement de contestation inédit contre la classe politique, déclenché le 17 octobre, secouait le pays.

Les autorités ont annoncé fin décembre l’ouverture d’une enquête en coopération avec la banque centrale libanaise.

Lundi, le procureur financier Ali Ibrahim a interrogé les directeurs des conseils d’administration de quatorze banques locales et du président de l’association des banques, Selim Sfeir, selon une source juridique qui a requis l’anonymat.

L’enquête porte sur « le transfert à l’étranger de 2,3 milliards de dollars au cours des deux mois qui ont suivi le début du soulèvement populaire », a-t-elle ajouté, ce qui a entraîné une « réduction des liquidités » dans le pays.

Selon la source juridique, le procureur financier a demandé aux banquiers pourquoi les restrictions ne « s’étaient pas appliquées aux personnes influentes » quand la plupart des Libanais ne pouvaient même pas effectuer des virements en dollars dans le cadre d’activités commerciales ou pour payer des frais de scolarité de leurs enfants à l’étranger.

Ces derniers mois, la livre libanaise a perdu environ 40% de sa valeur face au billet vert dans les bureaux de change et de nombreuses entreprises ont réduit les salaires, licencié en masse ou mis la clé sous la porte.

Le pays, qui croule sous une dette publique culminant à 150% de son PIB, risque de ne pas être en mesure de rembourser 1,2 milliard de dollars de dette en devises étrangères arrivant à échéance le 9 mars.

Selon la Bank of America Merill Lynch, les banques locales détiennent 50% de la dette du Liban émise en devises étrangères, la banque centrale 11% et les investisseurs étrangers 39%.

Des médias locaux ont toutefois affirmé qu’une partie de cette dette détenue par les banques avait été revendue à des investisseurs étrangers, un sujet qui a aussi été évoqué lundi au cours des interrogatoires du procureur financier.

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