Les heures sup’ africaines de Bolloré

Vendredi 28 septembre 2007

Les heures sup’ africaines de Bolloré

Extraits d’un article mis en ligne sur le site du magazine Le Plan B :

Le croisiériste de l’Élysée « fait honneur à l’économie française », plaide Nicolas Sarkozy. Le Plan B a vérifié l’information en sondant les pratiques sociales du groupe Bolloré dans ses réserves africaines…

Grévistes menés en bateau

Bolloré le dit lui-même : « Ce qui fait la spécificité de notre groupe, c’est son implantation en Afrique.(1) » Du Mali au Tchad en passant par le Gabon ou Congo-Brazzaville, le nabab des feuilles à rouler a bâti un empire qui excède les frontières des colonies françaises, dont il modernise l’œuvre civilisatrice. À travers un réseau de filiales jeté sur une quarantaine de pays africains, le « grand industriel français » contrôle les activités portuaires, les chantiers navals, les chemins de fer, la manutention et la logisitique, sans compter les plantations (hévéa, café, huile de palme…).

Du travailleur local payé une poignée de francs CFA jusqu’au consommateur européen friand de produits exotiques, Bolloré maîtrise plus ou moins toute la chaîne - selon le « turn over » de ses filiales, qui peuvent changer de mains à toute vitesse.

Jusqu’en 2005, année de la revente de Delmas à la CMA-CGM, la marchandise était convoyée par sa propre flotte, une cinquantaine de cargos sous pavillon de complaisance, sur lesquels les marins s’échinaient sept jours sur sept pour un salaire squelettique, sans congés payés ni protection sociale.

Sarkozy souhaite qu’il y ait « beaucoup de Vincent Bolloré ». Ça tombe bien : en Afrique francophone, ils sont partout. En 1999, le Cameroun privatise ses chemins de fer au bénéfice de Camrail, une société contrôlée par Saga, filiale de Bolloré.

« L’honneur de l’économie française » ne frappe pas que les syndicalistes. Depuis son rachat par le croisiériste de Sarkozy, l’ancienne Régie nationale des chemins de fer du Cameroun a licencié un tiers de ses trois mille six cents salariés : c’est ce que le petit traître balladurien appelle « investir pour créer des emplois ». Les autorités locales n’y voient pas d’inconvénient.

Grâce à des mercenaires de luxe tels que Michel Roussin, ancien porteur d’eau de Chirac en Françafrique, ou le député PS Jean Glavany, ministre de l’Agriculture sous Jospin, l’un et l’autre membres du conseil d’administration du groupe Bolloré, le yachtman de Sarkozy jouit d’une excellente relation avec les potentats africains.

Au Congo-Brazzaville, son soutien au dictateur Sassou-Nguesso a été récompensé par l’octroi d’un quasi-monopole sur le marché du transport et de la logistique. Une de ses filiales congolaises, la SCTM, est dirigée par un neveu du chef de l’État congolais, Willy Nguesso. Un entrepreneur qui gagne ne doit pas avoir d’exclusive dans ses amitiés présidentielles.

Lire la suite de l’article sur le site internet du magazine Le Plan B.

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