Le roi Juan Carlos d’Espagne dissimulait 100 millions de dollars à Genève

Mercredi 4 mars 2020

Le roi Juan Carlos d’Espagne dissimulait 100 millions de dollars à Genève

Le souverain espagnol a perçu cet argent de l’Arabie saoudite en 2008. Quatre ans plus tard, il en a reversé une grande partie à sa maîtresse.

De notre correspondant à Genève, Ian Hamel Publié le 04/03/2020 à 17:29 | Le Point.fr

La Tribune de Genève ne fait pas dans la nuance : sans mettre le conditionnel, elle annonce en une mercredi que « Juan Carlos cachait 100 millions à Genève ». Sur deux pages, le quotidien genevois raconte qu’il s’agit d’un « cadeau » du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le problème, c’est que l’on ne comprend pas très bien le motif de ce généreux virement. En effet, à la même époque, l’Espagne décroche au nez et à la barbe des Français un très juteux contrat pour construire une ligne de train à grande vitesse entre Médine et La Mecque pour 6 milliards d’euros. Or le versement aurait dû s’effectuer dans l’autre sens. Ce sont plutôt les entreprises espagnoles qui auraient dû verser un pot-de-vin aux Saoudiens pour les remercier de leur choix.

C’est peut-être cette incongruité qui explique que la justice genevoise – qui collabore avec les magistrats espagnols – n’a pas « mis en prévention » Juan Carlos Ier. Il est vrai que le souverain, roi d’Espagne de novembre 1975 à juin 2014, bénéficiait en 2008 d’une immunité. L’enquête ouverte dans la cité de Calvin par Yves Bertossa, premier procureur, responsable des affaires complexes, pour « soupçon de blanchiment d’argent aggravé » vise la banque Mirabaud, qui a accueilli l’argent sans trop se poser de questions, et trois personnes. D’une part, un avocat genevois et un dirigeant de la société Rhône Gestion, considérés comme les hommes de confiance du roi sur les bords du lac Léman.

Une fondation domiciliée au Panama

D’autre part, la princesse Corinna zu Sayn-Wittgenstein, d’origine danoise, présentée comme l’ancienne maîtresse de Juan Carlos. En 2008, le roi a dissimulé son pactole derrière la fondation Lucum, domiciliée au Panama, dont il était l’unique bénéficiaire. « Pendant plusieurs années, il a retiré de l’argent sur ce compte, puis, en 2012, la majeure partie de la somme restante, soit quelque 65 millions d’euros, a été donnée à l’ancienne maîtresse devenue "amie de cœur" », raconte La Tribune de Genève. Prudente, Corinna zu Sayn-Wittgenstein a aussitôt placé ce « don » dans la filiale d’une autre banque suisse aux Bahamas. Lire la suite.

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