Le riche festin des fonds d’investissement

Mercredi 1er décembre 2021

Le riche festin des fonds d’investissement

Les grands fonds américains et européens ont dépensé quelque 57 milliards d’euros en rachat sur le seul premier semestre de 2021, un record.

Par Isabelle Chaperon Publié aujourd’hui à 07h06

Blackstone, CVC Capital Partners, Apollo ou Ardian : l’appétit et les ambitions des géants du capital-investissement ne cessent de croître. Dimanche 20 novembre, l’américain KKR s’est lancé à l’assaut de l’opérateur italien Telecom Italia (53 000 employés), avec une proposition de rachat de près de 11 milliards d’euros, à laquelle s’ajoutent plus de 22 milliards de dette à refinancer. Si cette transaction allait à son terme, elle constituerait le plus gros rachat avec effet de levier (LBO, leveraged buy-out) jamais réalisé en Europe.

Grands gagnants de la crise sanitaire

En fait, jusqu’à l’irruption récente du variant Omicron, les records tombaient les uns après les autres pour le capital-investissement. Selon l’association professionnelle Invest Europe, les KKR et consorts ont investi 57 milliards d’euros au premier semestre en Europe, un sommet qui vient effacer le précédent établi à 55 milliards au second semestre 2019. Oublié les années noires ayant suivi la tempête financière de 2007 : cette fois, les fonds d’investissement sont les grands gagnants de la crise sanitaire.

D’abord, avec les injections massives de liquidités des banques centrales, les marchés financiers prospèrent, des émissions de dette aux introductions en Bourse. Plus la Fed ou la Banque centrale européenne injectent des liquidités, plus les taux baissent et plus les investisseurs confient des capitaux à ces prestidigitateurs qui promettent des rendements pouvant aller jusqu’à 20 %.

En outre, la crise sanitaire a dopé les portefeuilles des grands fonds d’investissement. « Depuis cinq ans, beaucoup d’entre eux avaient investi dans les secteurs de la santé et de la tech, dont les valeurs se sont envolées avec la pandémie », soulignent François Guichot-Pérère et Charles Andrez, associés gérants chez Lazard.

Conséquence ? En ce moment, Blackstone cherche à lever plus de 30 milliards de dollars (26,5 milliards d’euros), un montant que Carlyle et CVC veulent également approcher. En septembre 2019, quand la firme fondée par Stephen Schwarzman avait collecté 26 milliards de dollars à dépenser dans des rachats d’entreprises, ce record paraissait impossible à battre. Ces méga-cagnottes amènent les fonds à cibler des entreprises de plus en plus grosses. Mais il leur faut aussi aller vite pour utiliser des capitaux assortis d’une durée de péremption. D’où la frénésie de rachats actuels. Lire la suite.

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