La justice suisse interdit un livre sur l’affaire Stern

Dimanche 6 mai 2007 — Dernier ajout samedi 26 mai 2007

La justice suisse interdit un livre sur l’affaire Stern

Aude Marcovitch.

Publié le 21 juillet 2006

Actualisé le 21 juillet 2006 : 06h00

Rubrique France Crime

La meurtrière présumée du banquier français, retrouvé criblé de balles dans son appartement de Genève, en février 2005, invoque l’atteinte à la vie privée.

LA PARUTION d’un livre sur l’assassinat du banquier français Édouard Stern, il y a un peu plus d’un an, provoque de nouveaux remous. L’enquête de deux journalistes de La Tribune de Genève qui revient à la fois sur les affaires financières d’Édouard Stern, ses liens avec le milieu politique français et la personnalité de sa meurtrière présumée, a été provisoirement interdite de publication par une décision de la justice suisse. Demandée par les deux avocats de la jeune femme, cette mesure provisionnelle est considérée par les auteurs du manuscrit, Valérie Duby et Alain Jourdan, comme « un cas de censure manifeste ».

Le 28 février 2005, Édouard Stern est retrouvé tué de quatre balles dans son appartement genevois. Quelques jours plus tard, l’arrestation puis les aveux de sa maîtresse, Cécile Brossard, lèvent le voile sur l’identité du tueur. Mais les circonstances qui ont conduit au crime restent encore à élucider.

Les liens de Stern avec Sarkozy

Le procès à venir, différé à plusieurs reprises, devrait établir si le geste meurtrier a été prémédité ou s’il relève du crime passionnel.

« Notre ouvrage donne à la fois beaucoup de détails sur l’affaire criminelle, la vie de Cécile Brossard mais aussi sur le contexte financier et politique du moment », résume Alain Jourdan. « Nous montrons la proximité des liens qui existent entre Stern et Nicolas Sarkozy. Dans la guerre que se livrent alors le clan de Dominique de Villepin et celui de Sarkozy, Stern est clairement du côté du second. Par ailleurs, ils ont tous les deux les mêmes ennemis : certaines officines de la République critiquées par Nicolas Sarkozy sont les mêmes qui opèrent contre Édouard Stern », ajoute-t-il.

Deux chapitres du livre sont consacrés à l’affaire Clearstream. « Comme de nombreux banquiers, Édouard Stern avait un compte chez Clearstream », indique le journaliste. Selon lui, lors de la parution en 2001 du livre de Denis Robert, Révélations, qui accusait la chambre de compensation luxembourgeoise de blanchiment d’argent, « Stern fut l’un des premiers à se manifester pour savoir qui figurait sur les listes ».

« Atteinte à la personnalité »

Enfin, l’ouvrage décrit en détail les investissements financiers du banquier français, dont l’affaire Rhodia. Pour autant, les deux journalistes ne tirent aucune conclusion sur un lien entre les affaires financières et l’assassinat du Français et ne remettent pas en question les aveux de Cécile Brossard.

C’est d’ailleurs pour protéger leur cliente « d’atteinte à la personnalité » que les avocats de la meurtrière présumée ont demandé l’interdiction du livre. Une nouvelle décision du tribunal est attendue la semaine prochaine. Selon le conseil des deux journalistes, Me Robert Assaël, « si l’interdiction est reconduite, la plaignante aura trente jours pour valider la décision ». Elle pourrait déboucher sur un procès civil.

© Le Figaro

Publié avec l’aimable autorisation du journal Le Figaro.

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