La justice évoque un « pacte » entre la mafia et Berlusconi

Vendredi 6 septembre 2013

Italie

La justice évoque un « pacte » entre la mafia et Berlusconi

Mis à jour le 05.09.2013

La justice italienne évoque clairement l’existence d’un « pacte » durant près de 20 ans entre Silvio Berlusconi et la mafia sicilienne, dans les attendus de la condamnation d’un proche du Cavaliere publiés jeudi.

Selon les motivations de la Cour d’Appel de Palerme, l’ex-sénateur Marcello dell’Utri, condamné en mars à sept ans de prison pour complicité avec la mafia, a servi de « médiateur dans le pacte entre Silvio Berlusconi et la mafia » en vertu duquel cette dernière a assuré la protection du Cavaliere entre 1974 et 1992, contre espèces sonnantes et trébuchantes.

La Cour d’Appel cite une rencontre, organisée en mai 1974 à Milan par M. Dell’Utri avec Silvio Berlusconi et plusieurs chefs mafieux, qui a « signé le début de ce pacte qui liera Berlusconi, Dell’Utri et Cosa Nostra (la mafia sicilienne, ndlr) jusqu’à 1992 ».

Protection mafieuse

En vertu de cet accord, « l’entrepreneur milanais », Silvio Berlusconi, « a abandonné toute idée de se faire protéger par les institutions, et s’est placé sous le parapluie de la protection mafieuse », « sans jamais se soustraire à l’obligation de verser d’importantes sommes à la mafia », selon les attendus publiés par les médias italiens.

Le Cavaliere a dû ainsi embaucher un palefrenier à Arcore, sa villa près de Milan, « non tant pour sa célèbre passion pour les chevaux » que « pour garantir une présence mafieuse dans la villa », ironise la Cour.

Outre le versement d’argent de Silvio Berlusconi à Cosa Nostra à travers M. Dell’Utri, le pacte a permis que « l’association mafieuse se renforce et consolide son propre pouvoir », poursuit la Cour.

Au cours du procès en appel de M. Dell’Utri en septembre 2012, Silvio Berlusconi avait été entendu comme témoin pendant trois heures sur la possibilité que la mafia lui ait extorqué, par l’entremise de M. Dell’Utri, quelque 40 millions d’euros pour lui accorder sa protection.

Silvio Berlusconi avait réfuté cette thèse, affirmant avoir simplement voulu « aider un ami ».

Dans le premier procès contre M. Dell’Utri, en décembre 2009, un repenti de la mafia sicilienne, Gasparre Spatuzza, l’avait aussi accusé d’avoir été « l’intermédiaire et homme providentiel » pour préparer l’arrivée sur la scène politique de forces bien disposées à l’égard de Cosa Nostra. M. Dell’Utri a été le cofondateur en 1993 avec Silvio Berlusconi de son premier parti Forza Italia. Mais par la suite, le témoignage de Spatuzza avait été mis en doute.

L’ex-sénateur italien Marcello Dell’Utri a dirigé pendant plus de 30 ans la régie publicitaire Publitalia du groupe Fininvest (édition, journaux, télévisions) appartenant à M. Berlusconi.

Le secrétaire de la Commission justice de la Chambre des députés, membre du PDL, le parti de Silvio Berlusconi, a immédiatement dénoncé ces attendus, y voyant une nouvelle preuve de « la furie persécutrice à l’égard de Silvio Berlusconi de la part d’un secteur de la magistrature politisée ».

Cette dernière cherche à « le faire considérer comme coupable même dans les procès où il n’est pas inculpé », s’est insurgé Luca D’Alessandro, en réclamant une réforme de la Justice.

Le Sénat doit se prononcer prochainement sur l’éventuelle exclusion du magnat des médias après sa condamnation définitive pour fraude fiscale le 1er août.

(afp/Newsnet)

Créé : 05.09.2013, 18h32

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