L’opération séduction du patron de Google en France troublée par ses démêlés fiscaux

Jeudi 25 février 2016 — Dernier ajout mercredi 30 août 2017

L’opération séduction du patron de Google en France troublée par ses démêlés fiscaux

LE MONDE ECONOMIE | 25.02.2016 à 10h35 • Mis à jour le 25.02.2016 à 10h48 | Par Cécile Ducourtieux (Bruxelles, bureau européen), Zeliha Chaffin et Sandrine Cassini

Pour sa première visite en Europe, Sundar Pichai a choisi la France. À Sciences Po, devant une salle pleine à craquer, et sous les applaudissements d’étudiants enthousiastes, le patron de Google a mené une offensive de charme, mercredi 24 février. Dans sa besace, une série d’annonces destinées à séduire les jeunes, l’écosystème et les autorités françaises. Le directeur général de Google a annoncé la formation en 2016 en France de 200 000 personnes aux pratiques numériques. Seront concernés à la fois des professionnels, des étudiants et un public défavorisé. M. Pichai était également là pour séduire les médias, en donnant le coup d’envoi d’un nouveau fonds européen de 150 millions d’euros (lire ci-dessous). Le moteur a également renouvelé son partenariat avec le Numa, l’incubateur parisien à succès, pour 1 million d’euros.

Signe que cette visite était avant tout destinée à montrer la contribution de Google à l’écosystème français, cette journée a été couronnée par une rencontre avec le ministre de l’économie Emmanuel Macron, qui a reçu de nombreux chefs d’entreprises étrangers du numérique ces derniers mois.

Sundar Pichai botte en touche

Las, l’opération séduction a été arrêtée nette dans l’après-midi, après la parution dans plusieurs médias français d’une information selon laquelle l’administration fiscale serait sur le point d’imposer une amende de 1,6 milliard d’euros au géant américain. Le ministère des finances ne confirme ni le chiffre ni l’amende, évoquant le secret fiscal. Dans l’entourage de Michel Sapin, on estime même qu’il s’agit d’une « information connue et ancienne ». De fait, il y a quatre ans, Le Canard Enchaîné évoquait déjà une amende de 1,7 milliard d’euros.

De son côté, le moteur de recherche n’a pas souhaité commenter, se contentant de rappeler qu’il « se conforme aux législations fiscales de tous les pays dans lesquels il opère ». Google est sous le coup d’une enquête fiscale en France depuis 2011. Selon nos informations, les discussions sont toujours en cours et l’entreprise n’aurait toujours pas reçu de notification.

[…] En Europe, les pratiques d’optimisation fiscale du géant américain sont sous le feu des critiques. En janvier, l’annonce d’un accord de 130 millions de livres (166 millions d’euros) entre le fisc britannique et Google, pour couvrir un différent fiscal de 10 ans en 2005 à 2015, a mis le feu aux poudres. Le montant a été jugé « démesurément petit comparé à la taille de l’activité de Google au Royaume-Uni », ont rappelé mercredi 24 février les parlementaires britanniques. Dans l’Hexagone, le ministre des Finances, Michel Sapin, a contesté tout arrangement du même type. « Le fisc français ne négocie pas le montant des impôts », a lancé le ministre le 2 février.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2016/02/25/la-visite-agitee-du-patron-de-google-en-france_4871276_3234.html#9Q02mVAsd7iuU6kv.99

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