L’homme qui a provoqué la fin 
du secret bancaire

Lundi 11 janvier 2016

L’homme qui a provoqué la fin 
du secret bancaire

Le lanceur d’alerte racontera sa version dans un livre à paraître en 2016. Il y réglera ses comptes avec la justice américaine et entend dénoncer la « corruption » de Washington

Après les ouvrages de Georges Blum et de Raoul Weil, la trilogie de la saga UBS ne sera complète qu’en 2016, avec la sortie du livre de Bradley Birkenfeld, l’homme par qui la catastrophe est arrivée. Libéré en août 2014 d’un pénitencier de Pennsylvanie où il aura passé trente mois à ruminer en combinaison beige, l’Américain sillonne aujourd’hui le monde de palace en palace, profitant des spas qu’il apprécie tant.

Héros et criminel

Bradley Birkenfeld est un lanceur d’alerte hors norme. De tous les dénonciateurs que la Suisse a comptés ces huit dernières années, il est le seul à n’avoir pas emporté de listes de clients. Il a fait bien pire : l’ancien gérant de fortune a transmis les documents internes qui prouvaient la stratégie fraudeuse de son ex-employeur. La banque ne s’en est pas relevée, entraînant tout le secret bancaire helvétique avec elle dans sa défaite.

[…] Mais où sont les gros 
poissons ?

Un argument revient en boucle dans sa bouche et sous son poing qui tape sur la table. Sur les 19 000 comptes américains d’UBS, le fisc a étrillé des milliers de petits clients. Mais où sont passés les puissants, les sénateurs, les gros poissons du Capitole ? Pendant des décennies, les banques suisses ont abrité les secrets des « personnes politiquement exposées » du monde entier. Et au moment du grand déballage, pas un seul ponte de Washington ? Bradley Birkenfeld n’y croit pas. Il estime que sa condamnation visait à le décrédibiliser et à le punir pour avoir mis en danger les liens troubles que Washington entretenait avec la place bancaire suisse. Il compte bien le prouver. Cela tombe bien, Bradley Birkenfeld a désormais du temps et des moyens. Son livre devrait sortir cet été, au moment où la campagne présidentielle américaine prendra son élan.

François Pilet

Le Temps.

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