L’envers du milieu : Beaux Voyous

Mercredi 21 novembre 2007 — Dernier ajout mardi 20 novembre 2007

Nº2245 SEMAINE DU JEUDI 15 Novembre 2007

Livre

L’envers du milieu

C’est l’une des plus belles pages de l’histoire du milieu marseillais. Elle commence par une mystification : le casse de Nice, les égouts du paradis et les coffres de la Société générale vidés en un week-end. L’opération est finement montée par une équipe de truands du Vieux-Port, dirigée par Albert Spaggiari. Entre 1976 et 1980, avec les 50 millions de francs du braquage, les casseurs décident de taire frucufier leur butin. Ils se lancent dans un trafic d’héroïne à grande échelle. Une coentreprise de la poudre entre « beaux mecs » de la Canebière et parrains de la Mafia sicilienne.

Trafic haut en couleur où tous les coups sont permis : arnaque des fournisseurs turcs de morphine base, balance des passeurs indésirables aux douaniers yougoslaves, truandages sur la qualité du produit fini après son passage dans les labos clandestins de l’arrièrepays provençal, du maquis corse ou de la campagne sicilienne.

L’histoire, logiquement, finit mal. Après avoir mis en échec pendant quatre ans tous les flics des stups, elle se conclut par un tragique assassinat, celui du juge Michel en 1981. De Marseille à Palerme, en passant par Istanbul ou Islamabad, jamais cette chanson de geste du grand banditisme des années 1970 n’avait été racontée avec autant de verve. Les sources ayant ’ servi à construire le récit restent mystérieuses ? On a parfois l’impression de s’éloigner du document pour plonger dans un roman ? Peu importe. Il reste un beau travail sur la langue fleurie des à voyous.

« Beaux Voyous », de Thierry Colombie, Fayard, 20 euros.

Olivier Toscer

© Le Nouvel Observateur

Publié avec l’aimable autorisation du Nouvel Observateur.

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