Hongkong, véhicule financier de la Chinafrique

Lundi 3 juillet 2017

Chronique

Hongkong, véhicule financier de la Chinafrique

Notre chroniqueur décrypte comment l’ancienne colonie britannique est devenue le lieu de transit privilégié des investissements entre la Chine et le continent.

Par Sébastien Le Belzic (chroniqueur Le Monde Afrique, Hongkong)

LE MONDE Le 03.07.2017 à 16h15

Hongkong a célébré le 1er juillet le vingtième anniversaire de sa rétrocession à la Chine. L’ancienne colonie britannique a toujours été une porte d’entrée pour les Africains désireux de faire des affaires en Chine et un carrefour des investissements vers le continent.

Si Hongkong traverse une période politique difficile, elle reste sur le plan économique une place offshore unique au monde : 60 % des investissements directs chinois à l’étranger se font via Hongkong. On estime ainsi qu’une grande majorité des investissements directs à l’étranger (IDE) de Hongkong vers l’Afrique cache en fait l’investissement des entreprises de Chine continentale. Les IDE sont des mouvements de capitaux nécessitant une structuration particulière et un savoir-faire dans lequel excelle Hongkong.

« La capitale financière de la Chine »

La ville est la huitième place mondiale pour les investissements à destination de l’étranger, juste devant Paris, et la troisième place en Asie derrière Pékin et Tokyo. En 2016, Hongkong a investi 62 milliards de dollars à l’étranger (54,5 milliards d’euros). Une somme très importante comparée au volume des investissements reçus dans le même temps par le continent africain, 59 milliards de dollars.

« Hongkong reste la capitale financière de la Chine, résume un investisseur européen. Il n’y a qu’ici que vous pouvez structurer des investissements chinois libellés en dollars, émettre des obligations en dollars, lever des fonds et investir en Afrique. »

Il faut cependant bien distinguer ces IDE des prêts dont les montants sont souvent bien supérieurs et servent à financer les grands travaux d’infrastructures en Afrique. Ces derniers peuvent être libellés en yuans chinois et concernent, par exemple, la construction des grandes lignes de chemin de fer.

Pour ces IDE, Hongkong fait aussi bien que des places offshore aux noms plus sulfureux comme les îles Vierges britanniques et les îles Caïman. « Pour le gouvernement chinois, investir via une place offshore n’est pas en soi illégal. Il ne s’agit pas simplement d’échapper à l’impôt, mais de pouvoir contourner le contrôle des changes très strict en Chine continentale. C’est la raison pour laquelle la majorité des investissements directs chinois en Afrique qui reçoivent un feu vert du ministère du commerce indiquent comme première destination Hongkong », explique Carlos Casanova, chef économiste de la Coface à Hongkong.

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