Des médias indépendants précaires, mais populaires

Mardi 25 janvier 2022

Économie Médias

Des médias indépendants précaires, mais populaires

« Médiacités », « Politis », « Basta ! », « Off Investigation », « StreetPress »… ces médias indépendants, souvent classés à gauche, vivent dans une précarité financière permanente. Mais à chaque coup dur, ils peuvent compter sur les dons de leur public, qui dépassent souvent les espérances.

Par Aude Dassonville Publié aujourd’hui à 01h57, mis à jour à 09h01

Tout au long des derniers mois de 2021, le suspense relatif à l’existence d’une foule de médias indépendants a prévalu. Pour survivre et poursuivre leur tâche d’informer en 2022, tous faisaient appel à la générosité et à la fidélité des lecteurs et des sympathisants. A l’évidence, les comptes à rebours fébriles n’ont pas été vains : les résultats ont généralement dépassé les espérances. Le média en ligne consacré à l’investigation locale Médiacités a arrêté son compteur à 2 195 nouveaux fidèles, quand l’hebdo d’actualité politique et sociale Politis a vu le nombre de ses abonnés progresser de 12 % (à moins de 10 000), et a reçu 660 000 euros de dons. Cinq mille nouveaux abonnés payants (pour un total de 20 600) ont rejoint Blast, la webtélé d’investigation dirigée par Denis Robert. Ses soutiens ont déboursé 380 000 euros en deux mois.

Le « média d’enquête et de culture urbaine » StreetPress, pionnier dans la dénonciation des violences policières, a reçu 74 261 euros de dons, alors qu’il en espérait 70 000. Le site d’actualité sociale Le Média, lancé par des proches de La France insoumise en 2018, visait les 100 000 euros de dons : il en a récolté 113 000. Lire aussi Article réservé à nos abonnés « L’Elysée (et les oligarques) contre l’info » : un plaidoyer pour la liberté d’informer

« Ces succès sont le signe que les gens veulent des médias indépendants qui contribuent au débat public », se réjouit Agnès Rousseaux, coordinatrice, depuis une dizaine d’années, du média en ligne consacré à l’actualité écologique et sociale Basta ! (environ 300 000 euros de dons annuels) et directrice de Politis depuis mai 2020. Soit deux rédactions, respectivement d’une dizaine et d’environ 25 personnes.

Dans les messages d’encouragement qu’ils joignent à leur obole, partiellement déductible des impôts, les défenseurs de la diversité de la presse manifestent souvent leur inquiétude face à la « bolloréisation » des médias, souligne-t-elle. Dans une étude qualitative menée en décembre 2021 par Médiacités, les lecteurs revendiquent tout autant leur envie d’enquêtes inédites que de pistes de réflexions, de solutions ou d’initiatives heureuses. « Nous sommes tous menacées par l’infobésité : avalanche d’infos (plutôt mauvaises), mais peu de pouvoir d’agir, regrette ainsi un abonné. Surinformées, mais sous-actifves. »

« Aucune candidature d’un média indépendant de droite »

Souscrire à une offre éditoriale différente de celle des médias classiques relève ainsi d’une forme de militantisme d’autant plus gratifiante que les donateurs peuvent en constater l’utilité à chaque connexion ou parution.

Le choix ne manque pas. Fin octobre 2021, le Fonds pour une presse libre (FPL), cette structure lancée il y a un an et demi à l’initiative de Mediapart pour aider des projets à se lancer ou rebondir (163 000 euros levés en décembre 2021), lançait un appel au « soutien à la presse indépendante ». Il a été revendiqué par 45 sites et journaux, vite rejoints par 48 autres. « Quatre-vingt-treize signataires, ce n’est que le sommet de l’iceberg », assure Charlotte Clavreul, la directrice générale du FPL. Lire la suite.

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