Des fonds russes bloqués intéressent Nessim Gaon

Lundi 18 novembre 2002 — Dernier ajout jeudi 28 juin 2007

18 novembre 2002 - 08:48

Des fonds russes bloqués intéressent Nessim Gaon

Depuis plus d’une décennie, l’homme d’affaires genevois réclame 800 millions de dollars à la Fédération de Russie.

Pour rentrer dans ses fonds, Nessim Gaon tente de récupérer une dette angolaise vis-à-vis de la Russie, bloquée à Genève par la justice helvétique.

Même le scénariste le plus fou n’aurait imaginé une histoire aussi échevelée. Nessim Gaon, 80 ans, chassé du plus grand palace de Suisse, le Noga Hilton, tente de se refaire en empochant la cagnotte de deux marchands d’armes, Arcady Gaydamak, et Pierre Falcone, mouillés dans l’« Angolagate ».

Le fondateur de la société Noga est aujourd’hui ruiné. En 1991, Nessim Gaon signe un fabuleux contrat de 1,5 milliard de dollars avec la Fédération de Russie. Il vend à Moscou des aliments pour bébés, des produits vétérinaires, des pesticides, et se paie en pétrole russe.

Hélas, les Russes ne tiennent pas leurs engagements. Malgré plusieurs condamnations prononcées par le Tribunal arbitral de la Chambre de commerce de Stockholm, la patrie de Vladimir Poutine continue de faire la sourde oreille. Complètement fauché, Nessim Gaon a été contraint de quitter il y a quelques semaines son enfant, le Noga Hilton à Genève.

Une dette de 1,5 milliard de dollars

Pour contraindre la Fédération de Russie à rembourser sa dette, l’homme d’affaires genevois a tenté de faire séquestrer de « Sedov », un voilier russe, dans le port de Brest en juillet 2000. Puis, l’année suivante, deux avions militaires de l’ex-URSS au Salon du Bourget.

La France, qui ne souhaite pas contrarier la Russie, ne lui a pas donné gain de cause. « Nous avons donc demandé à récupérer une créance russe séquestrée à Genève par la justice suisse », explique Marc Bonnant, l’avocat de Nessim Gaon. En l’occurrence, une dette de 1,5 milliard de dollars de l’Angola vis-à-vis de la Russie.

Cette somme n’est pas allée directement de Luanda à Moscou. Elle s’est arrêtée sur le compte Abalone, détenu à l’UBS à Genève par Arcady Gaydamak. Cet homme d’affaires d’origine russe, actuellement réfugié en Israël, est recherché par les justices suisse et française.

Le juge genevois Daniel Devaud l’a notamment inculpé pour « blanchiment d’argent, soutien à une organisation criminelle, et corruption d’agents publics étrangers ». Sur les 775 millions de dollars déjà versés par l’Angola pour éponger sa dette, la Fédération de Russie n’en a récupéré que 161 millions.

Vente d’armes à l’Angola

En revanche, 130 millions de dollars seraient allés dans les poches d’Arcady Gaydamak et 60 millions dans celles de son associé, le Français Pierre Falcone, ancien titulaire d’un permis B dans le canton de Vaud.

Les deux hommes sont également poursuivis pour avoir vendu pour 463 millions de dollars d’armes à l’Angola, pays en guerre.

L’arrivée de l’ancien patron du Noga Hilton dans ce dossier déjà très complexe ne manque pas de faire sourire le juge Daniel Devaud. « Je ne vois pas à quel titre monsieur Nessim Gaon pourrait entrer dans cette procédure. De toute façon, il n’est pas le seul créancier à lorgner sur les avoirs russes », commente le magistrat.

swissinfo/Ian Hamel

URL de cet article :http://www.swissinfo.org/fre/swissinfo.html?siteSect=105&sid=1460334

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