Dassault, les cagnottes sont cuites

Mercredi 29 avril 2015

Dassault, les cagnottes sont cuites

Renaud LECADRE 28 avril 2015 à 20:06

RÉCIT Un ouvrage raconte le système occulte mis en place par le sénateur, notamment avec des comptes non déclarés à l’étranger.

« Je n’ai jamais rien dissimulé, je n’ai pas de comptes cachés en Suisse. » Serge Dassault s’est un peu avancé dans cet entretien au JDD en décembre 2013. Dans un livre publié jeudi, trois journalistes, Sara Ghibaudo, Yann Philippin (ancien de Libération, qui a particulièrement suivi les affaires du sénateur pour le titre) et Virginie Roels, décortiquent la mécanique financière de l’avionneur et patron de presse, seizième fortune française. Outre l’affaire de fraude électorale, qui lui vaut une mise en examen sur fond(s) d’achats de vote dans sa bonne ville de Corbeil-Essonnes, leur bouquin, sobrement intitulé Dassault Système, est aussi une plongée dans la nébuleuse offshore du milliardaire. Il y est question non seulement de Suisse, mais de Luxembourg, du Liechtenstein, pour finir au Liban ou à Singapour, dans une perpétuelle fuite en avant. Si Serge Dassault pourrait échapper aux poursuites pénales pour corruption électorale (lire ci-contre), il n’échappera pas au redressement fiscal.

Des cagnottes suisses, la famille Dassault en a toujours eu. Marcel, fondateur de la dynastie, ancien déporté, en avait constitué deux, d’où il retirait annuellement 40 millions de francs pour ses menues dépenses, notamment électorales. A son décès en 1986, à 96 ans, son fils en hérite tout naturellement sans pour autant le déclarer. On en retrouvera la trace en 1998, lorsque Serge Dassault est condamné en Belgique à deux ans de prison avec sursis, pour avoir versé un pot-de-vin au PS flamand à partir de la cagnotte helvète. A la barre du tribunal, il tentera de mettre cela sur le dos de sa mère, Madeleine, pourtant décédée six ans plus tôt…

« Flux normal ». Dans Dassault Système, les auteurs ont mis la main sur les auditions de Gérard Limat, mis en examen fin 2014. Basé en Suisse, c’est le gestionnaire de la fortune familiale occulte, sous Marcel puis Serge Dassault. L’homme qui sait tout. Son nom avait été évoqué dans Libé fin 2010, à propos du versement de 15 000 euros en Belgique à l’un des loustics de la cité des Tarterêts. Selon les auteurs, la justice a calculé qu’il avait transbahuté quelque 53 millions d’euros entre 1996 et 2012, pour les remettre à Serge Dassault. D’abord en main propre, puis via une officine de transport de fonds, Cofinor, qui avait également la famille Bettencourt pour client. « Ce n’est pas beaucoup en quinze ans, minaude Gérard Limat, mais un flux normal qui correspond aux demandes de Serge Dassault. » Tout ne relève pas forcément de corruption, plus prosaïquement de fraude fiscale, mais la justice se penche particulièrement sur les 7,4 millions retirés puis redistribués en pleine période électorale - les élections municipales 2008, 2009 et 2010 à Corbeil-Essonnes. Lire la suite sur le site du journal Libération.

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