Comment BSI Genève a fait barrage aux fonds suspects de 1MDB

Mercredi 9 novembre 2016

Comment BSI Genève a fait barrage aux fonds suspects de 1MDB

La succursale genevoise a refusé le transfert de 700 millions volés au fonds souverain malaisien. L’argent a réussi à transiter par d’autres établissements en Suisse, jusqu’aux comptes de BSI Singapour. Récit d’une résistance, restée vaine, au blanchiment

Dejan Nikolic Publié mardi 8 novembre 2016 à 17:35.

Dans la faillite générale du système financier face à l’argent sale de 1MDB, l’histoire fait exception. L’antenne de BSI à Genève n’a pas cédé aux centaines de millions de dollars douteux venus du fonds souverain malaisien, qui aurait été pillé par ses dirigeants. Contrairement à l’antenne singapourienne du groupe, la succursale genevoise de la banque tessinoise a tout fait juste en termes de procédures et de lutte contre le blanchiment d’argent.

La maison mère, elle, a été sévèrement condamnée par le gendarme helvétique des marchés financiers (Finma), pour ses « graves et multiples manquements » dans l’affaire du fonds souverain de Kuala Lumpur. Le dossier fait l’objet de plusieurs enquêtes internationales sur le détournement supposé de trois à quatre milliards de dollars ayant transité par la place bancaire suisse.

Nous sommes en 2009. BSI Genève reçoit une demande de transfert inhabituelle. La somme à créditer sur un compte du bout du lac : environ 700 millions de dollars. Les gestionnaires genevois de la banque tessinoise ne le savent pas encore, mais il s’agit du versement originel du fonds 1MDB, qui par la suite conduira la justice américaine et suisse à procéder au gel spectaculaire de plus d’un milliard de dollars à travers le monde.

Parmi les donneurs d’ordre : Tarek Obaid, cofondateur de PetroSaudi et client de BSI Genève. Suivant la procédure de rigueur pour un virement de cette nature, les gestionnaires genevois de la banque tessinoise émettent un préavis négatif. Ils font suivre l’évaluation à leur hiérarchie locale. Cette dernière finit par rejeter la demande de transfert.

Pourquoi ce refus, sachant que BSI Singapour a par la suite accueilli ces fonds ? « Si vous ne comprenez pas un « deal », alors vous ne signez pas. C’est aussi simple que cela. Or, nous ne comprenions pas exactement d’où ces sommes venaient et, surtout, où elles devaient ensuite aller », témoigne un membre du personnel de BSI Genève, sous couvert d’anonymat. Lire la suite.

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