Climat. Le méga-projet pétrolier du Français Total en Ouganda, symbole de ce qu’il ne faut plus faire

Jeudi 16 septembre 2021

Climat. Le méga-projet pétrolier du Français Total en Ouganda, symbole de ce qu’il ne faut plus faire

Le gouvernement d’Ouganda a validé le projet pétrolier de Total en Afrique de l’Est. S’il voit le jour, l’oléoduc EACOP traversera seize aires naturelles protégées et contribuera à émettre 33 millions de tonnes de CO2. Onze banques internationales se sont déjà désengagées de son financement.

Ouest-France Christelle GUIBERT. Modifié le 15/09/2021 à 07h50 Publié le 15/09/2021 à 07h15

Un énorme gisement de pétrole – 6,5 milliards de barils, dont 2,2 récupérables – a été découvert, en 2006, sous le lac Albert, en Ouganda. Son exploitation a pris un coup d’accélérateur, début septembre, lorsque le Conseil des ministres du pays africain a adopté le projet de l’Oléoduc de pétrole brut d’Afrique de l’Est (EACOP), censé le transporter.

L’EACOP sera chauffé pour faire pulser 216 000 barils par jour, des champs de Kingfisher et de Tilenga jusqu’au port de Tanga, sur la côte est de la Tanzanie : un trajet de 1 443 km. L’oléoduc est l’aboutissement d’une vaste opération pétrolière dans laquelle le Français TotalEnergies et la China national offshore oil corporation (Cnooc) se partagent l’essentiel des deux sites d’exploitation, depuis le retrait du Britannique Tullow Oil, en 2020.

Onze banques se sont désengagées

Une holding spéciale a été montée pour l’EACOP. Total possède 62 % des parts, la chinoise Cnooc 8 % et les compagnies pétrolières nationales d’Ouganda et de Tanzanie 15 % chacune. Son financement n’est pas encore totalement assuré, malgré les efforts de la Standard Bank, grand groupe sud-africain, qui joue les facilitatrices, avec la Sumitomo Mitsui du Japon et la Banque industrielle et commerciale de Chine.

Sous la pression d’une coalition d’ONG, six banques se sont retirées en avril, dont trois françaises : BNP Paribas, Société Générale et Crédit agricole. « Actuellement ce sont onze grandes banques qui se sont désengagées, dont les dernières HSBC, Mizuho et United Overseas Banke en août »​, liste Ryan Brightwell, de l’organisation internationale BankTrack, qui piste les investissements bancaires nuisant aux droits de l’homme ou à la santé de la planète.

La mauvaise presse a fait grimper les prix : le projet d’oléoduc est passé de 3,5 à 5 milliards de dollars. Les marges de manœuvre se réduisent pour les pétroliers. 123 institutions financières ont signé les Principes de l’Équateur, « le cadre de gestion des risques environnementaux et sociaux du secteur bancaire pour le financement de grands projets d’infrastructure, auquel le projet EACOP devra adhérer s’il veut attirer des financements »​, assure BankTrack. Lire la suite.

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