Armstrong aurait été le « cheval de Troie » de la CIA au Congo en 1960

Lundi 13 septembre 2021

Armstrong aurait été le « cheval de Troie » de la CIA au Congo en 1960

Le trompettiste était accompagné d’un ambassadeur, qui était en fait le chef de la CIA, chargé de récolter des renseignements, selon « The Guardian ».

Publié le 12/09/2021 à 21h30 - Modifié le 13/09/2021 à 02h28 Par le Point.fr

Alors que le célèbre musicien pensait faire une tournée musicale dans plusieurs pays africains, anciennement colonisés, afin de redorer l’image des États-Unis, il était en réalité la couverture de la plus grande agence de renseignements américaine.

La duperie a notamment eu lieu lors d’une soirée de novembre 1960. Louis Armstrong, son épouse et un prétendu diplomate de l’ambassade américaine sortaient dîner dans un restaurant de Léopoldville, capitale du Congo, nouvellement indépendant. Mais le trompettiste ignorait que son hôte n’était pas attaché politique, mais le chef de la CIA du pays de Centre-afrique.

« Armstrong était essentiellement un cheval de Troie pour la CIA. C’est vraiment déchirant », a déclaré Susan Williams, chercheuse à la London University’s School of Advanced Study, à l’origine de ces révélations, auprès de The Guardian. « Il a été amené pour servir un intérêt qui était complètement contraire à sa propre vision de ce qui était bien ou mal. Il aurait été horrifié. »

Obtenir des renseignements sur la province de Katanga

[…] Cette province très riche du pays suscitait l’intêrêt des États-Unis, pour ses hauts fonctionnaires - que la première puissance mondiale ne pouvait pas rencontrer, car elle ne reconnaissait pas leur gouvernement auto-proclamé -, mais aussi pour ses infrastructures minières cruciales, avec 1500 tonnes d’uranium et un vaste potentiel pour en acheter davantage. La tournée du musicien dans cette région du Congo était donc l’occasion parfaite pour Larry Devlin et ses équipes d’obtenir des renseignements. « Ils avaient besoin d’une couverture et cela leur en a donné une », a souligné Susan Williams.

La CIA tentait de tuer le Premier ministre du Congo

Mais, il y avait autre chose qu’Armstrong - qui s’était retiré d’une tournée similaire en Union soviétique trois ans plus tôt pour protester contre le racisme aux États-Unis - ignorait. La CIA au Congo, dirigée par Larry Devlin, tentait également de tuer le premier Premier ministre congolais démocratiquement élu, Patrice Lumumba, craignant qu’il ne conduise le pays dans le camp soviétique. Les historiens d’aujourd’hui pensent toutefois que le leader nationaliste voulait simplement que son pays reste neutre pendant la guerre froide.

Aussi, à un kilomètre et demi environ de l’endroit où Armstrong et Larry Devlin avaient dîné, le charismatique Patrice Lumumba était, lui, retenu prisonnier dans sa résidence officielle par des soldats fidèles de Joseph-Désiré Mobutu, le jeune chef militaire qui entretenait une relation de travail étroite avec la CIA, et avait pris le pouvoir quelques semaines plus tôt. Lire la suite.

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