Affaire du Petit Bar en Corse : Jean-Pierre Valentini mis en examen pour blanchiment

Mercredi 3 février 2021

Société Corse

Affaire du Petit Bar en Corse : Jean-Pierre Valentini mis en examen pour blanchiment

Cet ancien dirigeant de multinationale est soupçonné d’avoir participé à des opérations financières illégales pour le compte du crime organisé corse.

Par Jacques Follorou Publié aujourd’hui à 18h35, mis à jour à 19h06

C’est la rencontre inédite entre deux mondes qui n’auraient jamais dû se croiser. Ancien dirigeant de la multinationale de courtage pétrolier et d’affrètement maritime Trafigura et longtemps une des principales fortunes françaises résidant en Suisse avant de s’exiler à Dubaï, Jean-Pierre Valentini a été mis en examen, mercredi 3 février, à Marseille, pour blanchiment en bande organisée et association de malfaiteurs dans une affaire visant le gratin la mafia corse, la bande du Petit Bar. Les deux juges d’instruction Anaïs Trubuilt ainsi que Thomas Hirth, spécialisés en matière de lutte contre le crime organisé, et le parquet avaient demandé son placement en détention qui a été refusé par le juge des libertés et de la détention. Son passeport lui a, néanmoins, été retiré et il doit s’acquitter d’une caution de deux millions d’euros.

M. Valentini a quitté les locaux du palais de justice de Marseille vers deux heures du matin dans la nuit de mardi à mercredi après avoir longuement répondu aux questions des juges qui lui reprochent d’avoir, au pire, recyclé l’argent du Petit Bar, au mieux, de s’être prêté à des opérations de portage pour ces mêmes criminels. Afin d’étayer leurs soupçons, les juges ont épluché les comptes de cet homme d’affaires au rayonnement international. Ils ont également analysé ses contacts, grâce aux nombreuses filatures effectuées, depuis 2018, des piliers du Petit Bar, dont Mickaël Ettori, aujourd’hui en cavale avec deux autres barons du groupe criminel. Ils soulignent, enfin, la grande proximité existant avec Antony Perrino, pilier de l’économie corse, placé en détention dans le même dossier et présenté comme le principal appui financier du Petit Bar.

Fortune personnelle

En mars 2019, selon les enquêteurs, Mickaël Ettori et Antony Perrino, son ami d’enfance, manifestent leur intention d’investir dans l’immobilier à Courchevel (Savoie). Faute de pouvoir apporter les fonds nécessaires, M. Perrino demande à M. Valentini d’investir 1,4 million d’euros dans la SCI Du toit du garage, spécialisée dans la construction et la location de chalets. Il verse, dans un second temps, 1,92 million d’euros pour lancer les constructions. M. Perrino apparaît dans le montage comme maître d’ouvrage délégué. M. Valentini a déclaré que l’origine des fonds était « indiscutable », qu’il n’y avait eu « aucune rétrocession » et qu’il disposait d’une fortune personnelle suffisante pour avancer ces sommes.

En 2018, il s’était déjà associé avec M. Perrino dans un projet de construction, finalement avorté, sur l’île de Cavallo, d’un « micro-hôtel de luxe », au large de Bonifacio (Corse-du-Sud). Début décembre 2019, les policiers constatent, également, que M. Valentini effectue des versements au profit d’A. M., un homme de 75 ans ayant fait carrière dans l’immobilier et suspecté d’avoir été un autre « intermédiaire financier » du Petit Bar, pour des promotions immobilières prévues sur la commune de La Trétoire (Seine-et-Marne) et un autre projet à Paris. Rien d’illégal dans ces affaires, assure-t-il. Lire la suite.

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