Affaire Bettencourt : la juge Prévost-Desprez au tribunal

Lundi 8 juin 2015

Affaire Bettencourt : la juge Prévost-Desprez au tribunal

La magistrate de Nanterre (Hauts-de-Seine) est soupçonnée d’être à l’origine de fuites dans la presse quand elle s’occupait du dossier d’abus de faiblesse.

Timothée Boutry | 08 Juin 2015, 07h47 | MAJ : 08 Juin 2015, 07h47

Le fait est assez rare. Aujourd’hui et demain, les magistrats du tribunal correctionnel de Bordeaux (Gironde) doivent juger l’une des leurs. La juge Isabelle Prévost-Desprez, vice-présidente au tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), comparaît pour violation du secret professionnel, dernier procès de la saga Bettencourt.

La justice reproche à cette magistrate de 55 ans, spécialiste des affaires financières, d’avoir renseigné deux journalistes du « Monde » à l’époque où elle devait juger le photographe François-Marie Banier pour abus de faiblesse au détriment de la milliardaire, affaire sensible dépaysée ensuite à Bordeaux.

L’enquête fait suite à une plainte de l’avocat de Liliane Bettencourt, mécontent de découvrir dans l’édition du 2 septembre 2010 un article très documenté sur la perquisition qui venait d’avoir lieu au domicile de l’héritière de L’Oréal.

Des contacts avec de nombreux journalistes

La justice n’a pas lésiné sur les moyens pour identifier la source des deux journalistes, épluchant les factures du téléphone d’Isabelle Prévost-Desprez. Une piste que l’avocat de Liliane Bettencourt avait suggérée en rappelant que l’ancienne juge d’instruction du pôle financier avait coécrit un ouvrage avec l’un des auteurs de l’article au titre prémonitoire : « Une juge à abattre ». L’enquête a établi qu’Isabelle Prévost-Desprez, habituée des dossiers médiatiques, entretenait des contacts avec de nombreux journalistes. Après avoir écarté toutes les sources potentielles — le parquet, la police, les greffières —, les enquêteurs considèrent que la juge de Nanterre a tout lieu d’être la « gorge profonde » de nos confrères, ce qu’elle conteste. L’enquête pointe notamment ces deux SMS envoyés par la magistrate à l’un des auteurs de l’article le jour même de la perquisition.

La défense d’Isabelle Prévost-Desprez a soulevé que les moyens employés pour instruire cette plainte esquintaient le principe du secret des sources des journalistes. « Impératif prépondérant d’intérêt public », a balayé la cour d’appel de Bordeaux. Selon son avocat, Me François Saint-Pierre, la juge aborde cette audience déterminante pour son avenir professionnel avec « une certaine anxiété, comme toute personne dans sa situation ».

Le Parisien

Source de l’article.

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