A Tunis, un membre du clan Ben Ali révèle l’ampleur de la corruption de l’ancien régime

Samedi 20 mai 2017

COMPTE RENDU

A Tunis, un membre du clan Ben Ali révèle l’ampleur de la corruption de l’ancien régime Depuis son arrestation en 2011, Imed Trabelsi a été condamné à un total de 108 ans de prison.

Par Frédéric Bobin (Tunis, correspondant)

LE MONDE Le 20.05.2017 à 10h15

Connivences, pots-de-vin, documents falsifiés, contrebande… Imed Trabelsi, le neveu de l’épouse de Zine El-Abidine Ben Ali, l’ex-autocrate renversé par la révolution tunisienne de 2011, a livré, vendredi 19 mai, un témoignage exceptionnel sur les coulisses de la dynastie affairiste aux pratiques mafieuses qui avait mis la Tunisie en coupe réglée pendant les années de dictature. Agé de 42 ans, Imed Trabelsi, condamné à un total de 108 ans de prison dans différentes affaires de malversations, s’est exprimé lors d’une audience publique de l’Instance vérité & dignité (IVD) sous la forme d’un enregistrement diffusé en différé. Le document avait été réalisé à la prison de la Mornaguia, près de Tunis, où Imed Trabelsi est détenu depuis 2011.

Institution phare de la justice transitionnelle en Tunisie, l’IVD, mandatée pour enquêter sur les violations des droits de l’homme et les crimes économiques commis entre 1955 et 2013, avait décidé de consacrer sa séance d’auditions de vendredi aux dossiers de corruption. Le choix n’est pas anodin, à l’heure où le président de la République, Beji Caïd Essebsi, tente de faire adopter par l’Assemblée des représentants du peuple un projet de loi de « réconciliation économique » amputant l’IVD de ses compétences en matière de corruption. Le projet de loi est dénoncé par ses opposants comme permettant un « blanchiment de la corruption » commise sous le régime de Ben Ali. Les tensions récurrentes entre l’IVD, opérationnelle depuis 2014, et la présidence de la République n’ont cessé de perturber le processus de justice transitionnelle en Tunisie.

Système oligarchique

Avec le témoignage d’Imed Trabelsi, l’IVD tente de démontrer la pertinence de son travail de dévoilement du système oligarchique mis en place par Ben Ali durant ses vingt-trois ans passés au pouvoir, entre novembre 1987 et janvier 2011. « Honnêtement, sincèrement, je reconnais mes erreurs, adéclaré Imed Trabelsi. Je ne suis pas un ange. Je m’excuse devant le peuple tunisien. Je suis prêt à restituer les biens que j’ai détournés. J’aimerais bien redevenir propre et blanc comme je l’étais avant. » Lire la suite.

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